Histoire sans fin…

Fin 2014, j’arrivais à la fin de mes indemnités chômage. Je me suis rendu à pôle emploi pour postuler à une offre d’emploi depuis le bureau de ma conseillère pour avoir une réponse rapide. À ce moment-là elle me parle d’un programme d’insertion financé par l’Union Européenne via le FSE (Fond de Solidarité Européen). Elle me demande de m’inscrire car ils ont besoin de 10 candidats pour démarrer le projet, m’affirmant qu’avec ce parcours je pourrai intégrer le poste que je souhaitais en tant que stagiaire rémunéré. J’acceptai donc d’intégrer ce projet.

Le 19/12/2014 je suis convoqué au sein de l’AFPA de Foix pour confirmer mon intérêt pour cette formation. Je repars avec mon invitation pour participer à l’information collective suivi des tests d’entrées et de l’entretien individuel pour la session qui démarre en janvier 2015. Les tests réussi j’intègre la formation au sein du GRETA. J’ai fait mes stages d’infirmiers qui ont été très appréciés par les infirmiers tuteurs grâce à mes connaissances, autonomie et capacité à appliquer des soins. J’ai été élu délégué principal pour faire remonter les besoins des stagiaires et les obstacles qu’ils rencontrent pour finaliser leurs projets en vue d‘améliorer la formation. A ce moment là, les représentants du conseil départemental m’orientent vers le DAEU –B qui est rémunéré par une bourse sociale pour les RSAstes et par l’AREF du pôle emploi pour les chômeurs indemnisés, en me donnant les coordonnées des personnes mieux informées sur le sujet (MISSION LOCALE/maison de l’emploi). Sans perdre de temps je m’inscris au DAEU pour être dans la continuité puisque le début de cette nouvelle formation commence à la fin de la première. Je suis accepté. Après 3 mois, je n’ai toujours pas de nouvelle de ma bourse. Je contacte ma conseillère du GRETA avec qui j’ai signé le contrat CER et là comme par magie mon projet validé se transforme en non validé. Le Conseil Départemental refuse de verser la bourse sociale alors que dans le même temps ils ne me versent plus mon RSA. Normalement je suis sensé avoir le droit à ou l’un ou l’autre…
Une autre personne du DAEU qui voulait intégrer la police nationale a continuée à percevoir son RSA qui était pour elle plus avantageux que de percevoir la bourse. Elle n’a eu aucun problème de versement.
Sans RSA ni bourses d’études, je fais un crédit à la banque pour continuer à pouvoir assister à mes cours. La même année je passe en commission Commission de Solidarité Territoriale (CST), alors que je respectais mon Contrat d’Engagement Réciproque signé avec le Conseil Départemental (CD), et que celui-ci ne me versait plus mon RSA. Ils ont essayé de me persuader d’arrêter les cours en plein milieu de l’année et de faire un autre cursus plus long de 4 ans. J’ai refusé, justifiant que j’étais déjà lancé sur un projet et que c’était stupide de gaspiller temps et argent dans une réorientation.
Toujours pas de revenu, les factures et les loyers s’accumulent et ils continuent de ne pas me verser d’argent malgré tous mes recours.
Je cherche de l’aide. J’explique mon cas à l’université de Toulouse qui trouve que le CD d’Ariège sont des ploucs qui veulent porter des talons, qu’ils devraient avoir honte d’un tel comportement (j’ai eu le soutien moral de leur part et ils avaient signés ma pétition et attendent mon retour avec enthousiasme).
J’ai fait des recours : à la CGT, à la mairie de Foix, chez le sénateur DURAN. Auprès du président du Conseil Départemental de l’époque, Henri NEYROU, qui à accepté de me recevoir dans un premier temps avant que je me retrouve la porte fermée au nez, littéralement. Christine Severin, directrice de service au sein du CD m’emmène dans son bureau et m’explique que ce n’est pas à moi de décider de ma vie et que je ne suis qu’un vulgaire dossier à traiter.
Je cherche de l’aide auprès de La dépêche de l’Ariège ou le rédacteur en chef me dit que le mieux serait de partir sur autre chose, refaire ma vie ailleurs et oublier cette histoire.
J’ai cherché de l’aide auprès du défenseur des droits qui m’a simplement répondu: « on me dit que vous pouvez aboutir à son projet autrement ». et que « c’est ici que [s]on rôle s’arrête, bonne continuation ».
Je me vois privé de mes Aides Pour le Logement. Mes droits aux soins (CMU) ont été supprimés : ne pouvant pas justifier de revenus, il a fallu plusieurs mois de courriers et de recours auprès de la CPAM pour pouvoir à nouveau prendre soin de ma santé qui était dans un état catastrophique. Un jour j’étais tellement mal que j’ai failli me jeter par la fenêtre en pleine nuit glaciale, pensant qu’il valait mieux qu’on découvre mon corps le matin plutôt que de se décomposer pendant une semaine sans que personne ne s’en rende compte. Un médecin a pris la peine de m’ausculter gratuitement et a alors constaté que j’étais réellement en danger: j’ai subi des dégâts irréversibles, et il me fallait absolument une alimentation variée vu la sévérité de mes carences. Le secours populaire m’a apporté son aide en colis alimentaire d’urgence. La générosité de certaines personnes qui venait des bouts de l’Ariège avec de la nourriture m’a redonné des couleurs. Je n’avais plus de téléphone, plus d’internet, plus d’électricité, plus de compte bancaire, plus d’assurance voiture et encore moins un véhicule en état de marche. Ni assurance d’habitation ni protection civique. Le pire c’est que quand je suis allé voir les assistantes sociales de l’ADS elles n’ont rien fait ! Elles m’ont dit que le département c’est leur patron et qu’elles ne pouvaient rien faire sans leur accord. Pire, elles ont osé me dire que c’est normal d’avoir recours à de tels procédures pour faire bouger les précaires.
Le système m’a vomi alors que je ne voulais qu’un meilleur avenir. Ils ont voulu m’intégrer à la précarité par la force.
J’habitais alors dans un appartenant dont la mairie de mon village était propriétaire. Sans APL, ni bourses, ni RSA, les loyers impayés s’étaient accumulés, et la maire, qui plus tard m’afficha clairement le mépris qu’elle avait pour les RSAstes, décida d’entamer une procédure d’expulsion, plutôt que d’essayer de me soutenir dans mes démarches pour faire valoir mes droits. Et lorsque je suis enfin parvenu à convaincre la CAF d’une partie de ses tords, et ainsi de verser près de 7000 euros d’APL en retard à la mairie-propriétaire, cela ne changea rien à sa volonté de me mettre à la rue. Seule une mobilisation du CAFCA m’a alors permis d’obtenir quelque mois de délai supplémentaire. J’ai alors du me débrouiller pour trouver un autre logement, puisque les services sociaux et la préfecture n’ont pas jugé utile d’appliquer mon droit de placement dans un autre logement social.
2018 je me trouve un travail dans la région voisine, je démarre une nouvelle vie en résidant toujours en Ariège. 2020, je crée mon entreprise et je retombe au RSA, avec le covid mes économies partent en fumée, et la CAF me prive de mon RSA et de mes APL sans prévenir, en pleins 1er confinement. Ils justifient cela par un trop perçu de prime d’activité en 2018, or d’après les calculs que j’ai effectué les sommes correspondaient exactement à mes droits. Je fais une première réclamation car je trouvais que c’était pas très moral de supprimer la totalité des ressources sans prévenir. Ils me remboursent la totalité et enclenchent un prélèvement automatique de 50 euro par mois sur mon RSA que je paye encore aujourd’hui. Un mois plus tard je suis convoqué par ACOR pour rédiger un Contrat d’Engagement Réciproque (CER). Contrat que je lis, amande et signe. Celui-ci m’est revenu comme étant non-validé par le Conseil Départemental et pratiquement dans la foulée je reçois une convocation à une CST (commission de solidarité territoriale). Pendant cette séance on me demande de présenter mon projet. Demande bizarre puisque tout était stipulé clairement dans le contrat CER. On m’a demandé aussi ce que je comptais faire pour faire face à la crise sanitaire?! On m’a demandé si j’avais fais en conséquence une étude de marché prévisionnel ?! A ce moment là, je les sens plus en train de chercher une raison de suspendre mes droits que de m’aider…
Heureusement les commissionnaires se sont retrouvé surpris par l’assistance du CAFCA au cours de la séance, et n’ont pas su répondre aux questions qui leurs ont été posés. A la suite j’ai reçu mon Contrat d’Engagement Réciproque dûment signé par le Département. Ils m’accordent un maintien du RSA pour 6 mois à condition de m’inscrire à pôle emploi alors que cet organisme s’était empressé de me radier au moment de déclarer mon entreprise pour faire baisser les chiffres du chômage il y a quelques mois de cela…