Rien sans amour

RSA…Rien Sans Amour.

Voilà ce que je veux retenir de cette expérience. Parce que Revenu de Solidarité Active ne veut rien dire, si ce n’est un vulgaire chantage maquillé en main tendue. Y’ a une main qui te donne et l’autre qui te fout des baffes.

J’ai pendant quelques années reçu cet argent avec joie, on me foutais la paix, et franchement je me sentais contribuer à la société. J’étais en transition, je changeais de vie, de rythme, de région, de métier, j’étais heureuse et diffusais cette joie autour de moi. J’ai pu payer ce que je devais sans me poser de question (logement, nourriture, transport, communication), prendre soin des membres de ma famille sortant d’hospitalisation, continuer à me former et à ancrer ma recherche artistique (car oui je l’avoue, je suis entre autre chose, une artiste). C’est le talent que la vie m’a offert à partager au monde : je chante, je raconte, je met en mouvement les émotions humaines, et titille nos habitudes et façons de penser. Pour cela j’ai besoin de temps. Du temps pour sentir, ressentir, réfléchir, chercher, trouver. Du temps pour vivre et retransmettre le goût de cette vie.

Mais le temps est devenu de l’argent . C’est un bien comme un autre qu’il faut valoriser et rentabiliser. J’ai essayé par deux fois d’accéder au régime d’intermittence du spectacle, qui m’aurait juste fait basculer d’une case « aide » à une autre, car tout cela reste un soutien financier pour des activités qui ne rapportent que peu ou pas d’argent. Par deux fois donc, j’ai mis en marche la grosse machine d’anticipation-plannification-communication. Résultat : deux dépressions. Trop de pression.

Ce que j’ai à offrir au monde ne rentre pas dans les cases de notre société du toujours plus : plus vite, plus d’argent, plus d’objet, plus loin, plus, plus toujours plus, j’ai appelé monsieur PLUSBONUS et il a fait un gros ménage. Table rase du passé, de ces cases trop serrées, y’en a marre d’étouffer !

Alors après 6 mois de harcèlement, de dossiers, de commission, de non-accompagnement à qui je suis et ce que je veux offrir, j’ai dit stop : « on s’arrête là, gardez votre argent je garde ma santé ». La radiation me pendait au nez, et bien je leur ai coupé l’herbe sous le pied. Et ça m’a fait du bien ! Le lendemain j’annonce aux amis que j’avais quitté le RSA, comme un de ces amants devenu empoisonnant. J’étais enfin libre, je respirais à nouveau, je ne ressentais plus de stress, finies les justifications, finies les explications aux bureaucrates qui ne peuvent entendre que des chiffres qui vont dans le sens de leurs directives.

RSA…

Rien Sans Amour

Chaque jour

Bonjour

à ce qui m’entoure

Je savoure